De nombreuses organisations ont signé une carte blanche concernant l'éducation à la citoyenneté
Charlie Hebdo, la crise grecque, la menace qui pèse sur la Grande Barrière de corail, les migrant-e-s qui meurent en Méditerranée, la précarité qui gagne du terrain en Belgique, une usine de confection de vêtements qui s’écroule au Bangladesh, des enfants soldats, la catastrophe de Fukushima : tout cela nous concerne.
Cela nous concerne parce qu’en entraînant des conséquences au niveau planétaire, cela a un effet sur notre vie et notre quotidien, inexorablement.
Cela nous concerne, plus fondamentalement, parce que cela touche d’autres êtres humains et qu’il existe entre eux et nous cet indissoluble lien qui nous unit, une indéfectible proximité. Les atteintes à une vie décente, en particulier quand elles résultent d’une injustice, nous affectent au plus profond de nous-mêmes.
Ce monde, pourtant, est ce que nous en faisons, tous ensemble.
Les choix que nous opérons dans la vie quotidienne, dans notre mode de consommation, dans notre activité professionnelle, dans le placement de l’argent, dans l’affectation de nos loisirs, dans toutes nos attitudes et tous nos comportements, dans nos engagements individuels ou collectifs, notamment dans la gestion de la chose publique, portent à conséquence. D’autres personnes, ailleurs, partout dans le monde, en subissent les effets, favorables comme défavorables. Notre environnement, aussi, en souffre ou s’en porte mieux.
Être citoyen-ne du monde, c’est notamment le savoir et s’efforcer de connaître le fonctionnement du monde pour discerner, autant que possible les effets de ce que nous faisons et de ce que nous ne faisons pas sur les êtres humains et la nature, ici et ailleurs.
Être citoyen mondial et solidaire, c’est tendre vers des options qui favorisent l’accès de tous les êtres humains à leurs droits fondamentaux, s’engager pour l’avènement d’un monde en paix, globalement plus juste et plus respectueux de l’environnement.
Nous sommes tou-te-s invité-e-s à devenir des citoyen-ne-s solidaires.
Cela s’apprend. Notamment à l’école, dont c’est une des missions reconnue par l’UNESCO et l’Union européenne, et consacrée par les décrets « missions » et « citoyenneté ». Ce dernier est du reste encore trop méconnu et trop peu appliqué.
Depuis de nombreuses années, les associations d’éducation citoyenne sensibilisent, forment et mobilisent le public scolaire sur ces questions. Elles produisent des outils pédagogiques, se rendent dans les classes, conseillent et forment les enseignant-e-s, proposent des expériences in situ, accompagnent des projets d’établissement, alimentent des journées pédagogiques, etc. Forts de cette expérience, nous souhaitons adresser quelques messages au monde politique et au monde de l’école.
Au monde politique, nous disons que deux belles opportunités se présentent à lui.
Premièrement, l’encadrement pédagogique alternatif et le cours de philosophie et de citoyenneté ouvrent des perspectives d’intégration structurelle de l’éducation à la citoyenneté dans l’enseignement obligatoire. Il faut dépasser l’apprentissage de la philosophie et la comparaison des religions – assurément nécessaires, mais insuffisants – pour ancrer la citoyenneté dans ses aspects concrets et dans toutes ses dimensions (citoyenneté mondiale, environnement, paix, droits humains, etc.). Par ailleurs, nous pensons que donner des moyens supplémentaires à des projets transversaux qui touchent à la citoyenneté est un enjeu fondamental.
Deuxièmement, la réforme de la formation initiale des enseignant-e-s (décret Marcourt) pourrait créer de l’espace pour renforcer, chez ceux/celles-ci, les compétences nécessaires pour une éducation à la citoyenneté de qualité. Il faut intégrer significativement cette préoccupation dans le cursus des étudiant-e-s en tant que citoyen-ne-s et futur-e-s enseignant-e-s.
Le monde de l’école (directions, professeurs, éducateurs-trices, parents, élèves, etc.) est un vecteur crucial de la formation des générations futures aux enjeux de citoyenneté. Nous lui rappelons que notre travail consiste aussi à le soutenir. La communauté scolaire n’est pas seule face à ces nouveaux défis. Nos organisations sont actives dans le domaine de la coopération au développement, de la protection de l’environnement, de la promotion de la paix et/ou des droits humains. Nous avons produit et produisons encore, avec vous, de nombreux supports qui respectent les contraintes du monde scolaire : animations en classe, manuels scolaires, reportage audio-visuels, accompagnement de projets, formations, etc. Ces ressources, auxquelles vous êtes déjà nombreux-ses à recourir, sont à votre disposition.
Le monde fait face à des défis considérables, de toutes natures. L’Humanité devra se trouver créative et courageuse. Et, surtout, solidaire. Cela ne s’improvise pas. Cela commence aujourd’hui, à cette rentrée-ci, en dotant les élèves de ce qui les rendra à la hauteur de cette immense ambition.
On ne peut pas simplement transférer à l’école la responsabilité d’éduquer ceux-celles dont nous souhaitons qu’ils évoluent, demain, dans une société en paix, plus juste, plus solidaire, à l’environnement préservé, qui se préoccupe davantage du bien-être de chacun-e.
C’est l’affaire de l’école, certes, mais aussi notre affaire à tou-te-s. En cette rentrée, nous entendons nous trouver résolument aux côtés des équipes éducatives.
Associations cosignataires :
ACDA - achACT-Actions Consommateurs Travailleurs – ACODEV – AMNESTY International Belgique francophone - CARITAS International - CEC - CETRI - CNCD-11.11.11. -CROIX-ROUGE de Belgique – COREN – EMPREINTES – FUCID - JUSTICE ET PAIX – GEOMOUN – GOOD PLANET - ENTRAIDE & FRATERNITE – HANDICAP International Belgique – ILES DE PAIX - ITECO - LE MONDE SELON LES FEMMES – OXFAM Magasins du monde – MEDECINS DU MONDE - PLAN Belgique –QUINOA - RESEAU IDées - RCN Justice & Démocratie - SCI Projets Internationaux – SOLIDARITE MONDIALE - SOS FAIM - UNICEF Belgique – VETERINAIRES SANS FRONTIERES Belgium - WWF Belgique.