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Arnaud Levêque, nouveau président d’ACODEV : « La solidarité internationale a été un fil rouge dans mon parcours »

  1. Créé par Lawrence PIETERS
  2. Le 22/02/2023
  3. Dans
Lors de la dernière Assemblée générale le 15 décembre 2022, Arnaud Levêque a été élu président d’ACODEV, remplaçant Christian Kunsch arrivé à la fin de ses deux mandats. Issu du monde syndical et militant, au sein duquel il a développé plusieurs projets de coopération internationale, Arnaud arrive avec l’envie d’apprendre et la ferme intention de défendre les intérêts du secteur. Rencontre avec le nouveau président de la fédération.

Quel est ton parcours qui t’as amené, aujourd’hui, à la présidence d’ACODEV ?

J’ai toujours été militant ! Dès mes études en tant qu’assistant social, puis ma licence en Travail social à l’ULB, j’ai été fort investi dans le mouvement étudiant, notamment à travers la Fédération des étudiants francophones. Professionnellement, j’ai aussi souhaité m’orienter vers un travail militant, qui s’inscrit dans l’action concrète, et en 2007, j’ai eu l’opportunité d’entrer à la Centrale Générale de la FGTB à Namur en tant que permanent syndical. C’était un travail de terrain, j’y encadrais des délégations syndicales et je menais des négociations d’entreprise, surtout dans le secteur privé.

En 2018, je suis devenu Secrétaire fédéral au sein de la Centrale Générale à Bruxelles. Je suis le porte-parole de la FGTB dans une dizaine de commissions paritaires, principalement du secteur industriel de taille moyenne, comme le secteur du papier par exemple, mais aussi du non-marchand, comme les entreprises de travail adapté.

Comment s’est développé ton intérêt pour la solidarité internationale ?

Dès mes débuts à la centrale de Namur, j’ai eu à cœur de développer la coopération internationale dans le cadre syndical. La FGTB s’inscrit dans une philosophie internationaliste où l’on considère que les intérêts des travailleurs et travailleuses sont les mêmes ici que partout sur la planète. Je souhaitais concrétiser ce concept d’internationalisme, et en 2010, nous avons pu construire un premier projet de coopération avec un syndicat palestinien. C’était aussi une manière de sensibiliser à la cause palestinienne en Belgique. Je pense qu’il est évidemment important de développer des partenariats forts, mais aussi de faire vivre la solidarité au sein de la base syndicale belge à travers des actions d’éducation permanente et de visibilité.

Quand je suis arrivé à Bruxelles, j’ai eu l’opportunité de mettre en place deux autres projets de coopération, l’un en RDC dans le secteur minier, l’autre avec des partenaires indonésiens dans le domaine de l’industrie papetière. La solidarité internationale a donc été un fil rouge dans mon parcours syndical.

Pourquoi as-tu voulu être candidat à la présidence d’ACODEV ?

Depuis quelques années, je suis administrateur chez SOLSOC et c’est dans ce cadre que j’ai appris qu’ACODEV cherchait des candidat·es à la présidence. J’avoue que cela m’intéressait de m’investir plus dans la coopération, de sortir du scope de la coopération syndicale et de l’élargir à la coopération non gouvernementale dans son ensemble. Les discussions franches et constructives que j’ai pu avoir avec Raphaël et Christian Kunsch notamment, m’ont décidé à postuler.

Tu viens de présider ton premier Conseil d’administration, quelles sont tes impressions ? Que penses-tu que tu peux apporter à la fédération ?

Je viens en effet de participer à mon premier CA de la fédération, mais j’ai encore beaucoup à apprendre, en particulier en ce qui concerne les attentes des membres vis-à-vis de la fédération, du Conseil d’administration, ou de l’équipe.

De par ma fonction de syndicaliste, j’ai à la fois cette capacité de négociation et cette capacité de trouver des consensus. Je pense pouvoir être utile à différents niveaux, notamment en cas de divergence d’intérêts exprimées par les membres. Il me parait normal qu’au sein d’un secteur, il y ait des différences de visions, d’attentes et d’intérêts, notamment dans une période difficile telle que celle que nous traversons en ce moment. L’important est la manière de gérer l’expression de ces différences.

Quelles sont les priorités auxquelles tu veux travailler durant ton mandat ?

ACODEV est avant tout une fédération sectorielle, elle est donc là pour rendre des services aux membres et défendre leurs intérêts. En ce qui concerne les services, ACODEV semble rencontrer les attentes des membres, que ce soit en termes d’appui ou de formation. Mon objectif est donc que cela continue !

Pour ce qui est de la défense des intérêts, le secteur a lui-même défini quels étaient ses objectifs, notamment en matière budgétaire. Le gouvernement belge s’est engagé, théoriquement, à consacrer 0,7% du PNB à la solidarité internationale d’ici 2030, et nous devons définir une trajectoire budgétaire pour y arriver. On sait qu’on doit maintenir la pression sur le gouvernement pour que cette trajectoire soit enfin concrétisée. Il y a donc tout un travail de lobbying et de mobilisation à organiser pour que le secteur ne soit pas à nouveau le parent pauvre de la politique fédérale.

A plus court terme, nous devons permettre au secteur de se sortir le mieux possible de la crise inflationniste actuelle. Les organisations de la société civile rencontrent de nombreuses difficultés face à la hausse des coûts et l’indexation des salaires en Belgique. La proposition avancée par la nouvelle Ministre de la coopération au développement (10 millions d’euros supplémentaires en 2023 et 2024) est positive, mais c’est encore insuffisant. Comment être sûrs que ces budgets seront aussi alloués après la législature actuelle ? Nous sommes là pour nous assurer que le secteur reçoive sa juste part, pour lui permettre de remplir ses objectifs et ses missions.

Je m’estimerai donc satisfait si nous pouvons faire avancer les choses sur ces deux dossiers d’ici la fin de mon mandat.